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Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/56

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LE TEMPS

pateur me livreroit à ceux qui me persécutent ; ainsi, continua-t-elle, en m’embrassant, je vais m’attacher à vous, & nous ne nous quitterons plus si vous le permettez. J’ai sur moi un assez bon nombre de pièces d’or, & plusieurs diamants à mon habit & à ma coëffure : nous acheterons des vivres & une monture à la premiere habitation ; & du reste, quand nous aurons trouvé un endroit convenable, nous nous ferons une petite demeure à l’abri des persécutions de la fortune.

Alors, continuant son discours, elle m’apprit qu’elle étoit fille du Roi de Bengale, & qu’elle s’appelloit Zelima ; qu’elle fuyoit de chez son pere, pour éviter un mariage indigne, auquel il la vouloit forcer ; que, dans cette circonstance, elle avoit eu le dessein de se sauver chez la Reine d’Angole ; mais que ce que je lui apprenois, l’en détournant entiérement, elle me supplioit de ne lui pas refuser mon secours. Ses malheurs me toucherent de telle façon, que je lui promis de ne la point abandonner tant qu’elle auroit besoin de mes services.

Nous marchions cependant toujours, elle pour me suivre, & moi en persistant dans le dessein de m’éloigner d’Angole ; lorsqu’après avoir fait quelques journées