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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/103

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carafe d’un narguilhé, et nous le voyons aussi bien que les dieux, — mieux peut-être. D’ailleurs, qu’avons-nous besoin de nous créer des mirages de mondes illusoires ? En avons-nous envie ?… Nous allons les chercher et nous les découvrons en réalité, — témoin les deux Amériques, l’Australie et les centaines de mondes de l’Océanie. — Le Pinde et le Parnasse inaccessibles supporteront demain les rails de fer, et l’Hippocrène, fontaine sacrée, fournira d’excellente vapeur. La sagesse de Minerve battrait passablement la campagne devant la dialectique allemande. Pour ce qui est du dieu Mars, nous ne voulons pas humilier sa glorieuse massue, mais nous croyons pouvoir affirmer une chose ; choisissons l’Iliade pour sujet, par exemple : les Grecs, munis de dix ou de douze rois, de cinquante ou de soixante mille hommes et du secours des dieux, mirent dix ans à prendre Troie, encore fût-ce à nous ne savons quelle ruse aléatoire, baroque et inavouable qu’ils durent leur succès ; eh bien ! quand même Achille, Agamemnon, Ulysse, Ajax, fils de Télamon ou d’un autre, peu importe, se seraient joints, pour la défendre, à Pâris, Hector,