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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/145

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Pendant que Fabriana parlait, Wilhelm était devenu la proie d’un phénomène d’une froide horreur.

Cette voix, ce timbre de contralto velouté ne lui était pas inconnu, cela était certain.

Mais — et l’intensité du sentiment avait pris en lui les proportions d’une réalité évidente — il lui semblait que ç’avait été bien loin, dans l’impalpable passé, au milieu de pays frappés d’un silence sans échos, d’un silence terrible, dans des âges, oubliés dont il ne pouvait concevoir la date, que ç’avait été dans ce néant qu’il avait entendu la voix. Il se rappela les singulières confidences du prince dans les Casines et il eut assez d’empire sur lui-même pour demeurer d’un visage égal.

Cette hallucination ne dura qu’un instant. « J’ai rêvé, » pensa-t-il ; et il ne s’en inquiéta pas davantage.

On causa de choses de hasard pendant quelques minutes, puis cela fut ramené aux affaires du temps.

Sur une allusion que parut avancer le prince Forsiani au sujet de la paix ou de la guerre, la marquise le regarda :