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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/183

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réussissaient une fois un chef-d’œuvre d’armurerie et de ciselure. L’un de ces inconnus, qui trempaient des dentelles damasquinées, avait également travaillé la fine et puissante cotte de mailles qui l’emprisonnait depuis les pieds jusqu’à la gorge.

Ses gantelets étaient tramés avec un dur filet d’airain merveilleusement caché sous la soie. Son feutre, d’où s’échappaient de fausses boucles de cheveux noirs, avait, à l’intérieur, une visière en treillis d’acier qui se relevait et s’abaissait suivant son bon plaisir.

Elle ne semblait nullement gênée dans ce costume ; elle marchait vite, le manteau rejeté sur l’épaule, comme un chevalier. Les rares passants, malgré son allure modeste, s’écartaient presque toujours de son chemin, sans savoir pourquoi.

Que signifiaient ces ajustements ? Était-ce l’amour des aventures ? Mais non : elle n’était point femme à commettre de ces folies.

Les cris familiers des oiseaux de la Mort lui disaient :

« Belle dame, voici le glas de minuit. C’est l’heure où nous avons heurté nos ailes contre vos