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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/190

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l’esprit et les dégoûts du cœur ne laissent que le vide, le vide immense et pesant dans le découragement de la pensée, à cette heure où la plupart des personnes, enfin, comprennent la possibilité de l’éternel néant, — oui, souvent, il lui arrivait d’entendre les dernières mesures des danses finales qui bruissaient, étouffées, à travers les stores et les grands orangers des autres palais.

Mais elle ne perdait pas le temps à se rappeler, alors, ces heures de rêves noirs et de stupeurs profondes qu’elle venait de quitter. Elle ne tenait pas à comparer les agonies affolées et les cris sans nom, les hurlements et les soifs puériles de vengeance, enfin les concerts variés que présente aux amateurs la répugnante Misère, quand elle n’est pas silencieuse, c’est-à-dire plus lugubre encore, elle ne tenait pas à comparer, disons-nous, toutes ces plaintes avec les bouffées de joie harmonieuse et insouciante.

Elle ne jugeait pas, ayant d’autres pensées. Elle prodiguait ses forces et ses secours, parce que cela lui convenait. Ce que faisaient les brillants élus des fêtes nocturnes et ce qu’elle avait passé la