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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/192

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deux fois et mit l’épée à la main. Comme elle avait affaire à une meute d’ivrognes pauvres, qui se ruaient en aveugles sur elle, toute défense était paralysée et impossible. On sauta sur ses bras. Elle se dégagea une seconde fois par un mouvement terrible ; mais, se voyant désarmée, elle eut un sourire amer sous son masque. Un stylet vint se briser la pointe sur sa cuirasse ; un autre l’eût aveuglée sans sa visière : malgré les coups de poing d’une précision et d’une force étranges dont elle défonça, pendant quelques secondes, un certain nombre de trognes et de poitrines, elle comprit de suite qu’on allait finir par l’étouffer ou l’étrangler. Dans le fort de cette lutte, et voyant luire les grands couteaux, elle portait déjà une bague empoisonnée à ses lèvres pour ne pas tomber vivante à leur merci, lorsqu’un des personnages cria un nom inconnu et qu’elle n’entendit même pas.

À ce seul mot, tous s’écartèrent. On échangea quelques paroles à voix basse : leur effet fut étonnant. Ceux qui l’entouraient s’agenouillèrent devant elle et lui demandèrent pardon. Elle ne répondit