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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/67

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est vanité, que leurs classiques illusions sont perdues et autres romances, s’en tiennent à ces aperçus d’elles-mêmes et, se refusant aux impressions élevées, traînent le boulet d’une existence sans idéal. Ce sont les premières dupes de leur imprévoyance. Un pareil positivisme rapproche de l’instinct. On devient insignifiant pour soi-même, et ces armures de salon ne tiennent pas contre deux heures de lutte pratique. Il ne faudrait s’étonner de rien, d’après leur devise : Celui qui ne s’étonne de rien doit commencer par se trouver bien étonnant lui-même.

« Encore s’ils étaient sincères, ces philosophes ! mais le premier milieu venu suffit pour les distraire et les frapper de contradiction. Encore s’ils en devenaient meilleurs !… Mais, impuissants à souffrir seuls, ils ne se plaisent qu’à refroidir la paisible espérance des autres. Toute parole contient une force, et comme ils parlent en prenant peu de souci du scandale contenu dans leurs paroles, ce scandale, étant quelque chose, marche à travers les foules et les siècles. Ainsi le discours d’un malheureux à conviction intermit-