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Page:Villiers de L’Isle-Adam - Isis, 1862.djvu/89

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royale le vieux gentilhomme, — (par plaisanterie, car il se persuadait que Tullia, vers la troisième leçon, se soucierait peu de la chose). À son grand étonnement, il n’en fut rien, et il eut bientôt l’occasion de s’émerveiller de son élève.

Ils gardaient le secret sur ces combats : une torche fixée à la muraille, dans l’un des souterrains du palais, éclairait leurs passes d’armes du matin et du soir. C’eût été positivement un coup d’œil fantastique que cette amazone, mince et nerveuse, vêtue d’un sarreau de velours noir ouaté et cuirassé comme un plastron de salle et serré par une boucle de diamants à la ceinture, en haut-de-chausses et en sandales, ses torrents de cheveux d’or emprisonnés dans une résille, et le treillis d’acier sur le visage, alors qu’elle se mettait gracieusement en garde, et saluait, à l’aise, d’un fleuret à lourde poignée d’ébène.

Après quatre ans d’exercices, d’assauts serrés et savants, sa vitesse avait acquis les allures de la foudre, et la jolie reine Marguerite de Navarre, peut-être, eût apprécié les brillantes profondeurs du jeu de cette Clorinde.