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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/139

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veillent, l’épée nue, aux postes inférieurs : leur vaillante élite doit en disputer les approches. Mon courage alors se rallume ; je cours défendre l’asyle du monarque, soutenir les braves en péril, et ranimer les vaincus.

Derrière le palais était une porte secrète, un passage ignoré, dont les détours conduisaient du pavillon d’Hector à celui de Priam ; issue cachée, que l’ennemi n’avait point aperçue, et qui, dans des jours plus heureux, vit souvent la triste Andromaque pénétrer sans pompe vers sa noble famille, et mener le jeune Astyanax à son royal aïeul. C’est par cette route inconnue que j’aborde enfin les hauteurs, d’où les infortunés Troyens lançaient leurs traits impuissans. Là dominait, assise au bord du comble, une tour dont la cime altière s’élevait jusqu’aux nues, et d’où l’œil aimait à découvrir l’immensité de Troie, et la flotte et le camp des Grecs. Armés de haches et de leviers, nous en attaquons les appuis, déjà minés par l’âge. La masse est arrachée de ses vieux fondemens : on la pousse ; et s’écroulant tout à coup avec un horrible fracas, elle écrase au loin dans sa chute des bataillons entiers. D’autres à l’instant les remplacent ; et cependant les javelots et les pierres sifflant de toutes parts, s’entre-choquent dans les airs. Au pied même du vestibule, et déjà touchant les degrés, Pyrrhus, bouillant d’ardeur, fait luire les éclairs de sa lance, et resplendit de feux sous son armure d’airain. Tel rayonne, à l’éclat du jour, un serpent réchauffé par les sucs du printemps : naguère durant l’âpre froidure, il dormait engourdi sous la terre ; maintenant fier de