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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/249

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Tel et non moins imposant marchait le héros phrygien, telles éclataient dans son port la noblesse et la grâce.

On part enfin, l’on affronte et les hautes montagnes et les repaires inaccessibles. Soudain chassée de ses âpres sommets, la chèvre sauvage se précipite de roc en roc ; soudain emportés par la peur, les cerfs aux pieds agiles franchissent les vastes campagnes, et, serrés dans leur fuite en bataillons poudreux, s’éloignent des monts escarpés. Au milieu de la plaine, le jeune Ascagne, ivre de joie, presse un coursier pétulant, court, vole et devance tour à tour les plus ardens chasseurs. Que ne peut-il, dans son impatience, rencontrer parmi ces troupeaux timides un sanglier furieux ! que ne voit-il descendre des hauteurs un lion rugissant !

Mais la foudre gronde : un bruit effroyable trouble au loin les cieux ; et tout à coup fond sur la terre un déluge de grêle et de pluie. Frappés d’épouvante, l’élite des Tyriens, et la jeunesse troyenne, et le petit-fils de Vénus, ont cherché dans les champs voisins divers abris contre l’orage : des torrens écumeux roulent du haut des montagnes. Didon gagne un antre écarté ; le fils d’Anchise y suit la reine. À l’instant la Terre et Junon, Junon qui préside aux nœuds conjugaux, donnent le signal d’hyménée : l’éclair brille, le ciel complice s’allume, et les Nymphes d’alentour font mugir de leurs cris la colline ébranlée. Ce jour, hélas ! fut pour Didon la première cause de ses malheurs, la première cause de sa mort. Ni l’honneur, ni la gloire, ne touchent plus son âme : ce n’est plus un feu clandestin qu’elle