Aller au contenu

Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à ces longues clameurs une des génisses captives : elle mugit à son tour sous ces voûtes profondes ; et sa plainte, en vain prisonnière, a trompé l’espoir du brigand. Aussitôt, dans le cœur d’Alcide, s’allume un noir courroux ; Alcide saisit ses armes, saisit sa noueuse, sa pesante massue, et vole, plus prompt que l’éclair, au sommet du mont sourcilleux. Alors, pour la première fois, nous vîmes Cacus tremblant, et le trouble dans l’âme. Il fuit, plus léger que les vents, et s’élance vers son indigne retraite : la peur lui donne des ailes. À peine réfugié dans son fort, il rompt les chaînes, ouvrage de Vulcain, les tristes chaînes de fer, qui tenaient sur le seuil une roche énorme suspendue : elle tombe, et, d’un rempart inexpugnable, ferme l’immonde entrée. Tout à coup arrive en fureur le héros de Tirynthe, cherchant partout un accès, jetant çà et là de foudroyans regards, et frémissant de rage. Trois fois, bouillant de colère, il tourne furieux autour de l’Aventin : trois fois il tâche d’ébranler la porte inébranlable : trois fois, lassé d’un vain effort, il se repose dans la vallée.

Sur la croupe de la montagne s’élevait un pic solitaire, foulant de sa base élargie le dos de la caverne, et de sa cime allongée frappant au loin la vue : sauvage asyle des oiseaux sinistres. Inclinée vers la gauche, sa masse pendante menaçait le rivage : Hercule appuie contre la droite ses robustes épaules, et, l’agitant d’une horrible secousse,