Aller au contenu

Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’arrache de ses vieux fondemens. Soudain précipitée, elle roule avec fracas Au long bruit de sa chute, les vastes cieux ont retenti ; la double rive tremble et s’affaisse, et le fleuve recule épouvanté. Alors parut à découvert l’antre immense du tyran, et son effroyable palais ; alors s’ouvrirent, dans toutes leurs profondeurs, ses ténébreux cachots. Tel, si la terre, par un coup imprévu, se fendait jusqu’en ses abîmes, faisait voir aux vivans le séjour des enfers, et dévoilait à nos regards ce livide empire, abhorré des dieux mêmes, l’œil plongerait avec effroi au fond du redoutable gouffre, et les Mânes, en voyant le jour, frémiraient éperdus.

Trahi par une clarté soudaine, et pris au piége dans son repaire, Cacus, hors de lui-même, pousse d’affreux rugissemens. Et cependant, du haut du roc, Alcide l’accable d’une grêle de traits ; Alcide, au défaut d’autres armes, lance à la fois, pour l’écraser, et des troncs gigantesques, et de lourds éclats de rochers. L’impie, en ce dernier péril, s’adresse à son dernier recours. À l’instant, ô prodige ! il exhale de son gosier brillant des torrens de fumée, s’enveloppe, en son odieux dédale, d’une nuit opaque, impénétrable à l’œil, et, dans ce nouvel Érèbe, mêle aux noires vapeurs qu’il amasse les éclairs de la flamme. Mais que n’ose un dieu courroucé ? D’un bond rapide, Hercule s’élance à travers les feux menaçans, aux lieux où s’élève ondoyant un nuage plus épais, où bouillonnent dans la vaste caverne de plus sombres tourbillons. Là, malgré le vain incendie que le Titan nourrit dans