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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/105

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l’ombre, Alcide le saisit, l’enlace entre ses bras de nœuds indissolubles, et, vainqueur du monstre étouffé, le jette au loin sans vie, les yeux chassés de leur orbite, et la gorge fumante du sang qu’elle a vomi. Aussitôt croulent enfoncées les portes de l’horrible demeure ; elle s’ouvre ; et le vol des génisses, et tous les crimes du parjure, se manifestent à la lumière. On traîne par les pieds le cadavre difforme ; on contemple, dans une longue stupeur, ces yeux farouches, ce front terrible, ces membres hideux, que hérisse un poil sauvage, et cette bouche béante dont le volcan s’est éteint dans la mort.

De là ces divins honneurs, dont Hercule est l’objet ; de là ces pieux transports de nos peuples, solennisant encore le jour de sa victoire. Potitius fut son premier pontife ; et la famille Pinaria, dépositaire du nouveau culte, érigea dans ce bocage l’autel qui frappe vos regards, cet autel à jamais grand pour nous, à jamais grand pour nos neveux. Vous donc aussi, jeunes guerriers, en mémoire d’un pareil bienfait, couronnez vos fronts de guirlandes ; vous aussi, la coupe à la main, saluant un dieu commun, offrez-lui les flots d’un vin pur. »

Il dit : à l’instant le feuillage aimé d’Hercule ombrage de sa double couleur les cheveux des convives, et s’y tresse en festons de verdure. On saisit la coupe sacrée : tous à l’envi, dans une sainte ivresse, rougissent de libations la table du banquet, et leurs prières s’élèvent ensemble vers les cieux.

Cependant l’étoile du soir a lui vers l’occident.