Aller au contenu

Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus en Vulcain ? Si vous eussiez autrefois formé le même désir, dès lors il m’eût été facile d’armer les enfans de Teucer. Ni le maître des dieux, ni les destins eux-mêmes n’eussent empêché Troie de rester debout plus long-temps ; et Priam, dix années encore, pouvait régner sur l’Asie. Mais puisque enfin vous méditez la guerre, puisqu’il vous plaît de tenter les combats ; tout ce que peut mon art enfanter de miracles, tout ce que peuvent former d’armes et le fer, et l’airain, et les plus riches métaux, tout ce qu’ont de puissance et la flamme et les vents, je le promets à vos douleurs. Cessez d’inutiles prières, et doutez moins de votre empire. » En achevant ces mots, il prodigue à son épouse les baisers qu’elle attend, puis, sur le sein de l’Immortelle, s’abandonne aux douceurs d’un paisible repos.

À peine Phébé, dans les cieux, avait fourni la moitié de son tour ; à peine commençaient à se dissiper les premières vapeurs du sommeil. C’était l’heure où, devançant l’aube, l’active ménagère, qui n’a pour soutenir sa vie que son aiguille et ses fuseaux, ranime en son foyer la flamme assoupie sous la cendre, joint le jour à la nuit, et presse, à la lueur d’une lampe, la longue tâche de ses fileuses. Heureuse de pouvoir, à ce prix, conserver chaste le lit de son époux, et suffire à sa naissante famille ! Tel et non moins diligent le dieu du feu se lève avant l’aurore, et de sa couche voluptueuse vole à ses brûlans arsenaux.

Non loin des rives Sicaniennes, et près des bords où Lipare commande à l’Éolie, s’élève une île, dont