Aller au contenu

Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais le dieu qu’adore Actium, Apollon, regardait ces combats. Il tend son arc du haut des airs ; et soudain frappées de terreur, ont à la fois tourné le dos les bandes confuses de l’Égypte et de l’Arabie, des champs de l’Inde et de Saba. On voyait la reine elle-même, implorant les zéphyrs, livrer toutes ses voiles à leur souffle, et déployer tous les cordages. Le divin forgeron l’avait représentée, fuyant à travers mille morts, le front déjà couvert des pâleurs du trépas, et poussée vers le bord par l’onde et les vents conjurés. Devant elle, colosse immense, le Nil en pleurs étend ses vastes bras, et, déroulant sa robe humide, ouvre, pour cacher les vaincus, son sein d’azur et ses grottes profondes.

Enfin César, trois fois porté dans Rome sur un char triomphal, payait aux dieux de l’Italie le tribut de sa gloire, et leur dressait dans la ville éternelle trois cents temples majestueux. Partout les parvis retentissent du bruit des fêtes, des éclats de la joie, et des applaudissemens prodigués au vainqueur. Chaque temple a ses hymnes et ses danses, chaque autel ses fleurs, son encens ; et le pavé des sanctuaires fume au loin du sang des génisses. Lui-même, assis sous les portiques éblouissans du dieu du jour, il reçoit les offrandes des peuples, et suspend leurs couronnes à ces voûtes pompeuses. Devant lui s’avance la longue file des nations vaincues : ainsi que de langage, elles diffèrent d’habits et d’armures. Là respirent sur l’airain, près du Nomade errant, l’Africain vêtu de sa robe flottante ; près de l’impétueux Lélège, le Care farouche, et le Gélon aux flèches