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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/161

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trembler ; Jupiter même leur enlève leur refuge ordinaire ; ils n’attendent ni les traits, ni les feux des Rutules. Voilà donc les mers fermées pour eux ! Plus de fuite, plus d’espoir. L’onde leur échappe, et la terre est à nous ; tant l’Italie, contre eux, vomit d’innombrables armées ! Je ne m’effraie pas de quelques vains oracles, dont leur jactance fait parade. Ils ont touché les bords de l’heureux Latium : leurs destins sont remplis, Vénus est satisfaite. Turnus aussi, Turnus a ses destins ; c’est d’exterminer par le glaive une race infâme, qui m’ose arracher mon épouse. Les Atrides sont-ils donc les seuls qu’indignent de pareils outrages ? et n’est-ce qu’à Mycènes que la vengeance en est permise ? Mais quoi ? Pergame deux fois périr !… Oui ; puisque, deux fois parjure, Pergame n’a point encore toutes les femmes en horreur. Ils se fient, les lâches ! aux retranchemens qui les cachent, aux fossés qu’ils nous opposent. Faibles barrières contre la mort ! N’ont-ils pas vu les murs de Troie, ces murs bâtis par Neptune, s’écrouler dans les flammes ? Allons, vaillante élite ; qui de vous, le fer en main, s’apprête à saper ces remparts ? qui de vous, avec moi, fond sur ces camps épouvantés ? Je n’ai besoin, contre ces vils transfuges, ni des armes de Vulcain, ni des mille vaisseaux de l’Aulide. Que l’Étrurie toute entière accoure se liguer avec eux : nous n’irons pas, brigands nocturnes, ravir, à l’heure des ténèbres, l’image de Pallas, et dans l’ombre complice égorger les gardes d’un temple ; nous n’irons pas, fabriquant un cheval