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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/19

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Nuit, et les astres dont la Nuit rayonne, et Jupiter sous qui tremble l’Ida, et Cybèle que la Phrygie révère, et l’auguste couple dont il tient la naissance, Vénus dans l’Olympe, Anchise dans l’Élysée. Alors, sous un ciel pur, trois fois le souverain du monde fait gronder son tonnerre, et, de sa main puissante agitant un nuage d’or, trois fois il resplendit lui-même au milieu des éclairs. Aussitôt un bruit flatteur circule parmi les rangs troyens : « Les temps prédits sont arrivés ; aujourd’hui même, Ilion se relève. » La joie ranime les festins : dans l’ivresse de ce grand présage, chacun ressaisit l’urne aux larges flancs, et la coupe vermeille se couronne de fleurs.

Le lendemain, dès que l’aube matinale a blanchi les airs, on court, on se partage ; on reconnaît tour à tour et la ville et son territoire, et les ports, et les côtes, riche domaine de la nation. Ici dorment les eaux stagnantes où le Numique prend sa source ; là c’est le Tibre qui serpente ; ces champs sont l’héritage des belliqueux Latins. Le prince, alors, choisit dans toute son armée cent messagers fidèles, leur ordonne de se rendre au noble séjour du monarque, place lui-même en leurs mains le rameau de Pallas, et, les comblant pour Latinus de présens magnifiques, les charge de demander la paix au nom des enfans de Teucer. Ils obéissent, ils partent ; et le chemin disparaît sous leur marche rapide. Cependant le héros enferme d’un fossé modeste l’enceinte de la nouvelle Troie. Il en ébauche les remparts ; et la cité naissante, assise sur le rivage, se munit, à l’instar des camps, d’une humble palissade et d’un mur de gazon.