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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/21

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Déjà près du terme de leur route, les envoyés du fils d’Anchise découvraient les tours de Laurente, et ses toits dont le faîte se perd dans les nues. Bientôt, voisins des portes, ils y contemplent la fleur de la jeunesse latine, s’exerçant aux jeux des guerriers. Les uns accoutument au frein des chevaux rebelles, ou font rouler des chars à travers des flots de poussière ; les autres courbent avec effort des arcs retentissans, ou lancent d’un bras nerveux de pesans javelots : partout on lutte et de force et d’adresse. L’un d’eux, aiguillonnant son coursier rapide, vole annoncer au vieux roi que des étrangers d’un port majestueux, et sous des habits inconnus, se présentent en supplians. Latinus, à l’heure même, leur fait ouvrir ses demeures, et monte, environné de sa cour, sur le trône de ses pères.

Un édifice auguste, immense, dont cent colonnes décoraient l’imposante structure, s’élevait sur les hauteurs qui commandaient la ville. Jadis habité par Picus, de pieux ombrages l’entouraient d’une religieuse horreur, et les peuples n’en approchaient qu’avec un saint effroi. C’est là que les princes, cherchant d’heureux augures, allaient recevoir le sceptre, arboraient les premiers faisceaux : c’était le palais de Thémis, c’était le temple des Dieux. Là régnait la salle des banquets sacrés ; là, quand l’offrande du bélier ramenait l’heure solennelle, les grands venaient siéger en pompe à la table des fêtes. Rangés le long du vestibule, les anciens maîtres du Latium y revivaient dans leurs images, taillées d’un cèdre