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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/23

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antique. On y voyait et le sage Italus, et Sabinus l’inventeur de la vigne, tenant encore sa serpe recourbée ; on y voyait le vieux Saturne, et Janus au double visage, et tant d’autres monarques, glorieux pères de la patrie, ou son rempart dans les combats. Non loin flottaient, suspendus autour des portiques, de nombreux trophées d’armes, des chars conquis, des faux tranchantes, des casques ornés de leurs panaches, et des boucliers, et des lances, et les débris énormes de cent portes de bronze, et les éperons arrachés aux proues des vaincus. Lui-même, revêtu de la trabée des rois, une main appuyée sur le sceptre augural, l’autre armée du pavois d’airain, Picus y rayonnait de tout l’éclat du diadème. Jadis fier dompteur de coursiers, l’amoureuse fille du Soleil le toucha de sa verge d’or ; et, métamorphosé par un magique breuvage, il déploya, brillant oiseau, ses ailes émaillées des plus riches couleurs.

Ce fut sous ces voûtes révérées, sanctuaire des immortels et séjour de ses aïeux, que Latinus appela les Troyens. À peine admis en sa présence, sa touchante bonté encourage ainsi leur espoir :

« Parlez, enfans de Dardanus ; ni les lieux qui vous ont vus naître, ni le sang dont vous sortez, ne sont inconnus parmi nous ; et le bruit de votre nom vous devança dans nos pays. Quels sont vos vœux ? quelle cause, quel impérieux besoin vous a conduits, à travers tant d’écueils, jusqu’aux parages de l’Ausonie ? Est-ce un astre infidèle qui vous égara sur ces rives ? est-ce le souffle des