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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/25

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tempêtes qui poussa vos nefs dans nos ports ? Tant d’aventures attendent sur les mers les plus fermes navigateurs ! Ne fuyez pas du moins la terre de l’hospitalité. Connaissez les Latins, ce peuple de Saturne, ce peuple juste sans contrainte, vertueux par amour, et religieux observateur des exemples de son ancien dieu. Je me rappelle encore, malgré l’obscurité des traditions antiques, le récit des vieux Aurunces. Né, disaient-ils, dans nos contrées, Dardanus pénétra jadis en Phrygie, près des ombrages de l’Ida ; et Samos et la Thrace furent témoins de ses courses. Parti des champs de Corythe et des côtes de Tyrrhène, il siège maintenant sous les lambris dorés du radieux Olympe, et, nouveau compagnon des dieux, voit monter vers son trône l’encens dont fument ses autels. »

Il se tait. Ilionée rompt alors un modeste silence : « Ô prince, noble héritier de Faune ! ce n’est point le courroux des ondes, ce n’est point l’effort des tourmentes, qui nous ont jetés sur vos bords. Ni le cours trompeur des étoiles, ni l’aspect douteux des rivages, n’ont abusé la foi de nos galères. Un choix unanime, un volontaire accord, nous ont amenés dans ces murs, nous, hélas ! exilés du plus vaste empire qu’ait jamais éclairé l’œil du monde. C’est à Jupiter que remonte l’origine de notre race : Jupiter est le premier aïeul dont se glorifient les neveux de Dardanus. Il descend lui-même du grand Jupiter, le magnanime Énée, ce chef dont les Troyens sont fiers, ce héros qui nous envoie vers vous. Qui ne sait quel épouvantable orage, vomi