Aller au contenu

Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais en ce moment, hélas ! le fils d’Évandre met entre vous une cruelle différence. Toi, Thymber, le glaive de Pallas a fait rouler ta tête sur la poussière ; toi, Laris, ta main droite abattue te cherche en vain dans la poudre ; tes doigts mourans s’agitent, et pressent encore le fer qui leur échappe.

Aux discours de leur chef, à ses brillans exemples, les fiers Arcadiens s’enflamment : la douleur et la honte les ramènent au combat. Pallas vole à leur tête : il perce de loin Rhétée, qu’entraînaient près de lui ses coursiers fugitifs : fatale rencontre, qui, pour un instant, sauve Ilus ! C’était Ilus que cherchait en sifflant la lance meurtrière, lorsque Rhétée, fuyant vos armes fraternelles, vaillant Teuthras, brave Tyrès, vient s’offrir lui-même au coup qui n’était pas pour lui. Renversé de son char, il tombe, et bat d’un pied mourant la terre qu’il vient défendre. Ainsi, quand, secondé des vents qu’il demande aux étés, le pasteur a dans les bois arides répandu l’incendie ; soudain la flamme se déploie de rameaux en rameaux, et, poussé des forêts dans la plaine, bientôt l’horrible embrasement couvre au loin les vastes campagnes : lui, cependant, assis sur une roche écartée, il contemple d’un œil satisfait les flammes triomphantes. Ainsi l’ardeur de tes guerriers, ô Pallas, dévore en courant les obstacles, et ton cœur en tressaille de joie. Mais un redoutable adversaire, Halésus, ose affronter leur choc, et les défie, ramassé sous ses armes. Tour à tour il immole et Ladon, et Phérès et Démodocus : de sa fulminante épée il emporte le bras menaçant que Strymonius levait