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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/29

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aux flammes d’Ilion. Dans cette coupe d’or, Anchise offrait aux Immortels de pieuses libations. Ces ornemens, Priam les portait dans les jours solennels, alors qu’il rendait la justice aux peuples assemblés. Voilà son sceptre ; voilà sa tiare sacrée. Ces tissus précieux sont l’ouvrage des Troyennes. »

Ainsi parlait Ilionée. Cependant, immobile et rêveur, Latinus médite en silence ; et, le front penché vers la terre, il y promène un œil pensif. Ce n’est point cette pourpre richement travaillée qui touche son cœur royal ; ce n’est point ce sceptre, héritage de Priam, qui flatte en secret son orgueil. L’hymen de sa fille, sa fête nuptiale, occupent son âme toute entière ; et sans cesse il repasse en lui-même les prédictions du vieux Faunus. Le voilà sans doute, celui qu’annoncent tant d’oracles, cet époux envoyé des portes de l’Aurore, et que d’heureux auspices appellent à partager le trône ! Le voilà ce héros, de qui doit naître une race féconde en vertus, en exploits, et reine un jour de l’univers conquis par sa vaillance. Enfin son allégresse éclate ; il s’écrie : « Puissent les dieux seconder nos desseins, et remplir leur augure ! Troyens, vous serez satisfaits. Je ne dédaigne point vos présens. Ici, tant que régnera Latinus, vous n’aurez à regretter ni l’abondance d’un sol fertile, ni l’opulence de Troie. Qu’il vienne, ce généreux Énée, si nos demeures ont pour lui des charmes, si sa présence nous prépare des nœuds hospitaliers, une alliance éternelle ; qu’il vienne, qu’il affronte sans crainte les regards d’un ami. Pour premier gage de la paix, je veux toucher la main de votre