Aller au contenu

Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
405
L’ÉNÉIDE, LIV. XII.

Ainsi Turnus exhale ses fureurs : son visage ardent jette des étincelles ; le feu pétille dans ses yeux enflammés. Tel, appelant les combats, un taureau superbe pousse d’horribles mugissemens : ses cornes menaçantes essayent leur colère contre le tronc d’un chêne : il frappe l’air de ses coups, et, du pied soulevant l’arène, prélude à des chocs plus affreux.

Non moins terrible sous l’armure maternelle, le fils d’Anchise à son tour aiguillonne son courage, s’excite à la vengeance, et s’applaudit d’un accord qui met fin à la guerre. Pour rassurer ses chefs, pour consoler Iüle alarmé, il leur annonce les grands destins qui l’attendent ; et de prompts courriers, par ses ordres, vont porter aux Latins sa réponse immuable, et proposer au vieux monarque les conditions de la paix.

Le lendemain, à peine le jour naissant dorait de ses premiers rayons la cime des montagnes ; à peine les coursiers du soleil s’élançaient du sein des mers profondes, et soufflaient de leurs larges naseaux la flamme et la lumière : déjà marquant la lice sous les remparts de la ville, les chefs des deux partis préparaient le champ du combat. Au milieu sont placés les feux du sacrifice, et des autels de gazon, érigés aux dieux communs de Laurente et de Troie : des prêtres, voilés de lin, et le front couronné de verveine, s’avancent portant l’eau sainte et la flamme sacrée. Les portes s’ouvrent : les légions latines défilent en colonnes, et leurs bataillons hérissés de piques se déploient dans la plaine : vis-à-vis accourent de leurs retranchemens et les phalanges troyennes et les