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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/95

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Ainsi parlait Énée. Cependant Évandre attentif se plaisait à contempler l’air noble du héros, son regard imposant, et l’éclat et les grâces de toute sa personne. Enfin rompant le silence : « Qu’il m’est doux, ô le plus vaillant des Troyens ! qu’il m’est doux de voir, de reconnaître le fils du grand Anchise ! Que j’aime à retrouver en vous les traits de votre illustre père, le son de sa voix et son touchant langage ! Je m’en souviens encore ; quand le fils de Laomédon, visitant les états de sa sœur Hésione, se rendit à Salamine, il honora de sa présence les froides contrées de l’Arcadie. Alors dans la fleur du bel âge, mes joues s’ombrageaient à peine de leur premier duvet. J’admirais les princes de Pergame, j’admirais leur brillant monarque ; mais dans son port majestueux, Anchise les effaçait tous et marchait sans égal. Mon jeune cœur, amoureux de la gloire, volait au-devant du favori des dieux ; ma main brûlait de se joindre à la sienne. J’approchai, plein d’espoir ; et le héros daigna me suivre dans les murs de Phénée. Ses dons marquèrent nos adieux : il m’offrit, en partant, un précieux carquois dont la Lycie trempa les flèches, une chlamyde, où l’or flexible s’entrelaçait à la pourpre, et deux freins d’or, qui parent maintenant les coursiers de mon fils. Déjà donc il est juré, ce pacte mutuel que nos injures commandent ; et demain, dès que l’aube matinale aura blanchi les airs, je vous renvoie contens de mes secours et secondés de ma puissance. Aujourd’hui toutefois, puisque vous venez comme amis, célébrez avec nous l’auguste anniversaire qu’on ne