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Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres VII-XII.djvu/99

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qu’habitait un monstre à double forme, l’effroyable Cacus, et que n’éclaira jamais un rayon du soleil. Sans cesse la terre y fumait d’un récent carnage ; sans cesse, aux portes homicides, pendaient, hideux trophées, des têtes pâles et dégouttantes d’un sang livide. Noir enfant de Vulcain, sa bouche en vomissait les flammes : colosse énorme, il marchait pareil aux Cyclopes.

Enfin brilla le jour, objet de tant de vœux, le jour de notre délivrance : un dieu parut. Le vengeur de l’univers, Alcide, fier des dépouilles du triple Géryon expiré sous ses coups, traversait vainqueur nos campagnes. Avec lui s’avançaient les riches troupeaux devenus sa conquête, et leurs nombreux essaims couvraient la plaine et le rivage. Cacus les voit : poussé par les Furies, Cacus veut tenter tous les crimes, veut faire l’essai de toutes les perfidies ; et, des gras pâturages, l’infâme détourne à l’improviste quatre taureaux superbes, quatre génisses plus belles encore. Mais pour déguiser leurs vestiges, il s’attache à leur queue, les traîne, en reculant, vers son réduit obscur, et dans ses recoins les plus sombres les cache à tous les yeux. Où chercher, où suivre leurs traces ? rien n’accuse l’antre complice.

Cependant le fils d’Alcmène, rassemblant déjà ses troupeaux rassasiés, songeait à quitter nos pacages. Voilà qu’au moment du départ on entend les taureaux mugir. Le bois entier résonne de leurs gémissemens ; et les coteaux qu’ils abandonnent, se renvoient leurs derniers adieux. Soudain répond