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Page:Vivien - Brumes de fjords.djvu/97

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« Qui es-tu ? » interrogeait un écho de voix où perçait une inflexion de courroux.

« Comment usurpes-tu le bureau où, laborieusement, pendant de longues années, j’écrivis mes mémoires, souvenirs pâlis d’une jeunesse d’aventures et d’héroïques débauches ?

« Tu n’as même pas su découvrir le tiroir secret, si ingénieusement dissimulé, où dort, dans un éternel parfum d’amertume et de douceur, la dernière lettre que m’envoya la Bien-Aimée ! Car, de toutes les femmes qui passèrent dans mon existence, je n’aimai qu’une vierge.

« Elle avait des yeux de la couleur de l’eau de mer, des yeux doux comme un reflet ; de son corsage, à peine entr’ouvert, montait une odeur d’aubépine et de feuillages ; et jamais je ne la possédai… Mais que sais-tu de ces choses, toi qui dédaignes les étreintes et laisses couler les quelques heures de ton existence parmi l’ombre apaisée de l’Autrefois ?

— « Toi dont le sang placide n’a jamais brûlé de la fièvre des combats, qui n’as jamais aspiré comme la fumée des vins la vapeur rouge du sang versé, que fais-tu de mon épée glorieuse ? » gronda la voix profonde d’un