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Page:Vivien - Les Kitharèdes, 1904.djvu/145

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PRAXILLA

Praxilla appartient à l’immortelle École dorienne, l’École de Psappha et d’Éranna, mais l’influence éolienne a teinté ses mètres et jusqu’à son dialecte. Ses contemporains lui accordèrent la gloire marmoréenne d’une statue. Lysippos, laborieux serviteur des Dieux et des Héros, fit surgir de la matière les traits vivants et pourtant divinisés de la Sikyonienne. Lysippos, qui éternisa le rire des joueuses de flûte ivres, glorifia la Kitharède, après avoir glorifié Héraklès et Alexandre.

Praxilla, incomparable Musicienne, fut maîtresse de l’art complexe du Rythme. Jamais Poétesse ni Poète n’égalèrent les sonorités changeantes de sa prosodie. Elle fut, par excellence, la virtuose. Nul, comme elle, ne sut moduler la strophe multiple et diverse. Le coloris de ses poèmes semblait emprunté à l’arc-en-ciel.

Comme Psappha, elle fonda une École de Poésie. Et l’on parla du rythme praxillien (πραξίλλειον) comme du rythme saphique. Ses scholia sont l’Absolu du genre. Elle atteignit jusqu’à la forme irréprochable. Le Dithyrambe, cher aux Ménades, brûla sur ses lèvres. Elle aimait les beaux cris dominant les musiques exaspérées.

La Poétesse des Vignes fut la Prêtresse du Désir, impérieux comme la faim, et du Chant, ardent comme la soif. Elle recherchait la Beauté sous toutes ses formes : les pieds nus que les grappes meurtries empourprent de leur sang, les pipeaux des bergers couronnés de roma-