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Page:Vivien - Les Kitharèdes, 1904.djvu/22

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LES KITHARÈDES

pli grave de ses lèvres. Les attitudes de Korinna ont la solennité des gestes de pierre. Elle est aussi belle qu’une statue.

Elle ne vint point effeuiller devant l’Aphrodita des guirlandes de roses lascives. Les langueurs du lâche amour n’amollirent point son âme invulnérable. Elle célèbre le retour par mer du Héros :

Il a vaincu, le vigoureux Orion, et a donné son nom à toute la contrée depuis l’aurore.

Elle évoque la splendeur terrible de l’Arès, le Dieu des rouges clameurs :

Et lui, s’étant montré, à la vérité détruisit la ville.

Parfois, un souffle de frais attendrissement traverse l’orage de ses strophes.

Elle vante la beauté de Thespia[1] :

Thespia, de belle race, hospitalière, aimée des Muses…

Nymphe aux yeux verts comme les roseaux, Thespia était fille d’Asopos, Dieu de ce fleuve. Elle donna son nom musical à la ville de Thespia, en Béotie. Elle fut une de ces Ombres à demi fabuleuses qui, divinisées par les Aèdes et par le folk-lore[sic], appartiennent plus étroitement à la Poésie qu’à l’Histoire. Elle vivra dans le vers marmoréen de Korinna qui fixe son incertaine image. La Béo-

  1. Nom propre de femme qui signifie inspirée par les Dieux.