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Page:Vivien - Les Kitharèdes, 1904.djvu/222

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VARIATIONS SUR UN THÈME

et de mélancolie, et qui tombaient, comme un voile de pourpre, sur le mystère des prunelles. Elle ne cherchait point la Beauté Éphémère des fleurs et des musiques. Car seule l’Éternelle Beauté des statues lui fut précieuse.

Lorsque, devant elle, on parlait de la splendeur vivante d’un corps ou d’un visage, lorsque l’on comparait une vierge aux Nymphes et aux Naïades, elle répondait : « Cette femme est belle comme une statue. »

Elle aimait l’ombre des temples à travers laquelle s’irise la lueur des Marbres, semblable à la lueur des perles dans le crépuscule de la mer.

Lorsqu’elle eut assez de vigueur adolescente pour modeler l’argile et prendre en main le ciseau, elle s’assit victorieusement aux côtés des plus glorieux sculpteurs. Elle était demeurée si longuement parmi les Images Olympiennes, qu’elle portait au front le reflet de leur sérénité méprisante. Kallô fit éclore de la pierre le calme front de l’inviolable Sagesse, Pallas Athéné, la pâleur de Sélanna, et la majesté d’Héra solennelle. Les vierges très délicates et les femmes gracieuses vinrent se dévoiler devant celle qui avait vu les Déesses. La plus belle courtisane de l’Hellas, Polyarchis[1] à la chevelure désirable, franchit un jour le seuil de sa maison, où nulle main fervente n’avait suspendu les couronnes amoureuses.

  1. Aux nombreux commandements.