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Page:Vivien - Les Kitharèdes, 1904.djvu/25

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KORINNA

Korinna ne fut point de ces Aèdes qui, franchissant les limites de leur contrée, appartiennent plutôt à l’univers qu’à une patrie. Elle aima fervemment la Béotie aux blés opulents, et ses hymnes furent composés afin d’être chantés par les femmes de son pays heureux, devant la foule de ses concitoyens. La couleur locale, si j’ose employer ce terme suranné, qui a survécu au romantisme, imprégnait ses odes béotiennes.

Le long séjour de la Tanagréenne à Thèbes fonda la croyance générale qui pare cette ville de la gloire de sa naissance. Ce fut à Thèbes que la Poétesse moissonna les lauriers de ses luttes mélodieuses. La Cité qui fut le lieu de ses triomphes lui plut par le souvenir. Thèbes honora et aima son illustre hôte féminin.

Fille de Procratia et d’Achélodoros, Korinna resplendit vers le ve siècle avant notre ère. Des commentateurs trop aventureux ont inventé l’existence d’une seconde Korinna, comme d’autres ont cru à une seconde Psappha et à une seconde Éranna de Télos.

On la surnomma Muia, la mouche, sans doute à cause de la petitesse ailée de son corps et de la malice de ses sourires légers. La Statue s’animait parfois et revêtait la grâce d’une enfant. Mais à l’instant solennel de l’hymne, la femme redevenait l’Immortelle.

Je me plais à l’évoquer, debout et frémissante, en ces jeux olympiques où elle vainquit Pindare…