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Page:Vivien - Les Kitharèdes, 1904.djvu/73

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ÉRANNA

l’or, elle mérita les comparaisons gracieuses dont Psappha fleurit, pour elle, ses strophes marmoréennes. Elle fut en vérité plus tendre que les roses, plus blanche que le lait, plus délicate que l’eau…

… De ses yeux bleus et verts d’avoir longuement contemplé la mer glauque, Éranna suit l’aile d’un rêve qui s’éloigne. Elle soulève à demi le voile qui l’embrume de mystère. Son virginal profil nous apparaît comme estompé par les fumées pâles du soir… Le soleil agonise dans la pourpre vespérale. Les montagnes somptueuses rougeoient. Les aiguilles ténues et curieuses des pins se compliquent auprès des oliviers frissonnants à l’égal des vagues. Le soleil agonise. Et, prophétiquement, la jeune Kitharède, aimée de Psappha, songe à sa mort prochaine…

La vie brève de la blonde Musicienne ressemble au frisson d’un poème inachevé. Elle s’éteignit harmonieusement, tel un accord mélancolique. Et la Tisseuse de Violettes, qui la pleura, la revit en songe entre les compagnes de Perséphona muette… Elle la revit vierge très délicate cueillant des fleurs, de pâles asphodèles sans parfum.

Le poème le plus célèbre d’Éranna est La Quenouille. La vierge de Télos y décrivait le charme fané des vieilles femmes qui filent en silence. Vous qui parlez peu, femmes aux cheveux blancs, vous, fleurs de la vieillesse pour les mortels… Nulle n’a senti plus profondément la poé-