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Page:Vivien - Poèmes, 1909.djvu/127

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FLAMBEAUX ÉTEINTS



Je m’éveille, au milieu d’une forêt, de torches
Éteintes froidement dans la froideur du jour,
Songeant à ma jeunesse, à son tremblant amour,
Aux jasmins qui faisaient plus radieux les porches.

Tel un supplice antique et savant, inventé
Par un despote aux yeux creusés par le délire,
L’horreur de n’être plus ce qu’on fut me déchire,
Et le soir envahit mon palais enchanté.

Je sens mourir l’odeur des jeunes hyacinthes,
La fièvre me secoue en des frissons ardents,
Tout s’éteint et tout meurt… Et je claque des dents
Parmi les lys fanés et les torches éteintes.