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Page:Vivien - Poèmes, 1909.djvu/129

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FLAMBEAUX ÉTEINTS


Qu’un changeant univers se transforme en ta face,
Que ta robe s’allie à la couleur du jour,
Et choisis tes parfums avec un art sagace,
Puisqu’un léger parfum sait attirer l’amour.

Immobile au milieu des jours, sois attentive
Comme si tu suivais les méandres d’un chant,
Allonge ta paresse à l’ombre d’une rive,
Erre sous les cyprès à l’ombre du couchant.

Sois lointaine, sois la Présence des ruines
Dans les palais détruits où frissonne l’hiver,
Dans les temples croulants aux ombres sibyllines,
Et souffre de la mort du soleil sur la mer.

Comme une dont on hait la race et qu’on exile,
Sois faible et parle bas, et marche avec lenteur,
Expire chaque soir avec le jour fébrile,
Agonise d’un bruit et meurs d’une senteur.