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Page:Vivien - heure mains jointes 1906.djvu/132

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Levant tes yeux surpris, tu me demanderas :
« Dans quel lit inconnu dormirai-je en tes bras ? »

Des oiseaux chanteront, cachés parmi les voiles.
Nous verrons se lever les premières étoiles.

Tu me diras : « Les flots se courbent sous ma main…
Et quel est ce pays où nous vivrons demain ? »

Mais je te répondrai : « L’onde nocturne est blême,
Et nous sommes encor loin de l’île que j’aime.

« Ferme tes yeux lassés par le voyage et dors
Comme en ta chambre close aux rumeurs du dehors…

« Telle, dans un verger, une femme qui chante,
Le bonheur nous attend dans cette île odorante.

« Couvre ta face pâle avec tes cheveux roux.
L’heure est calme et la paix de la mer est sur nous.

« Ne t’inquiète point… Je suis accoutumée
Aux risques de la mer et des vents, Bien-Aimée… »