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Page:Vivien - heure mains jointes 1906.djvu/94

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Ils se glissent, ainsi que des ombres furtives,
Les mains vides et les yeux éteints, en des prés
Sans odeurs et que nul printemps n’a diaprés.
Leurs pas ne laissent point d’empreinte sur les rives.

Ils ne contiennent plus leurs sanglots étouffants.
D’aucuns, aux yeux ternis, telles de vieilles lames,
Pleurent en se voilant, comme pleurent les femmes ;
D’autres pleurent sans honte, ainsi que les enfants.

Je suis seule, je ne suis plus une amoureuse,
Et je n’adore plus un sourire enchâssé
Par le couchant : je me cherche dans mon passé,
Et j’évoque le temps où j’étais moins heureuse.

… Plus légers qu’un oiseau, plus frêles qu’un hochet,
Voici les souvenirs lointains de mon enfance.
Ils courent, leurs rubans sont couleur d’espérance,
Leurs jupes ont encore une odeur de sachet.