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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/15

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INTRODUCTION


Il y a cent ans, la France, — cette avant-garde de l’humanité — a voulu inaugurer une époque nouvelle de l’histoire en proclamant les droits de l’homme. Il est vrai que le Christianisme avait déjà, bien des siècles auparavant, conféré aux hommes le droit et le pouvoir de devenir fils de Dieu — ἔδωκεν αὐτοῖς ἐξουσίαν τέκνα Θεοῦ γενέσθαι (Ev. Joh., I, 12). Mais, dans la vie sociale de la chrétienté, ce pouvoir souverain de l’homme était à peu près oublié ; et la nouvelle proclamation française n’était pas du tout superflue. Je ne parle pas des abus de fait, mais des principes reconnus par la conscience publique, exprimés par des lois, réalisés dans les institutions. C’était par une institution légale que l’Amérique chrétienne privait les nègres chrétiens de toute dignité humaine et les livrait sans merci à la tyrannie de leurs maîtres, qui — eux aussi — professaient la religion chrétienne. C’était une loi qui,