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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/203

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que par un concile, l’unité de son action humaine (la rattachant à l’unité absolue de la vérité divine) ne pourrait avoir que deux bases : ou l’accord unanime et parfait de tous ses membres, ou bien la majorité des voix, comme dans les assemblées laïques. Cette dernière supposition est incompatible avec la majesté de Dieu qui serait obligé d’accommoder chaque fois sa volonté et sa vérité aux groupements fortuits des opinions et au jeu des passions humaines. Quant à l’unanimité et à la concorde complète et permanente, — un tel état de la conscience sociale pourrait sans doute, par son excellence morale intrinsèque, correspondre à la perfection divine et manifester infailliblement l’action de Dieu dans l’humanité. Mais si le principe politique de la majorité des voix est au-dessous de la dignité divine, le principe idéal de l’unanimité immédiate, spontanée et constante est malheureusement trop au-dessus de la condition humaine actuelle. Cette unité parfaite que Jésus-Christ, dans sa prière pontificale, nous a présentée comme le but définitif de son œuvre ne peut pas être supposée comme la base réelle et manifeste de cette œuvre. Le moyen le plus sûr de ne jamais atteindre la perfection désirée, c’est de s’imaginer qu’elle est déjà atteinte. L’unanimité et la solidarité consciente, l’amour fraternel et la concorde libre, c’est l’idéal de l’Église — idéal accepté de tout le monde.