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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/210

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Dieu qui est le principe spirituel d’unité pour le corps universel et le centre absolu de l’histoire.

Pendant que la nation sacrée préparait la corporéité naturelle de l’Homme-Dieu individuel, les nations profanes élaboraient le corps social de l’Homme-Dieu collectif, de l’Église Universelle. Comme cette œuvre du paganisme était produite par des efforts purement humains qui n’étaient qu’indirectement et invisiblement dirigés par la Providence divine, il fallait bien que cette œuvre procédât par des essais et des ébauches. Avant la monarchie effectivement universelle, nous voyons surgir des monarchies nationales prétendant à l’universalité, mais impuissantes à l’atteindre.

Après la monarchie assyro-babylonienne, cette tête d’or du despotisme le plus pur et le plus centralisé — vient la monarchie médo-perse — la poitrine et les bras d’argent symbolisant une puissance despotique moins centralisée, moins pure, mais en revanche beaucoup plus vaste, — enserrant dans ses bras toute la scène historique d’alors entre la Grèce d’un côté et l’Inde de l’autre. Puis vient la monarchie macédonienne d’Alexandre le Grand — ce ventre d’airain qui dévore l’Hellade et l’Orient. Mais malgré son abondance dans le domaine de la culture intellectuelle et esthétique, l’hellénisme se montra impuissant dans l’action pratique, incapable de créer un cadre politique et un centre d’unité pour toute la multitude des