Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIVRE TROISIÈME


LE PRINCIPE TRINITAIRE ET SON APPLICATION SOCIALE
________


CHAPITRE PREMIER.

LE PRINCIPE TRINITAIRE ET SON APPLICATION SOCIALE


La véritable Église — temple, corps et Épouse mystique de Dieu, est une comme Dieu lui-même. Mais il y a unité et unité. Il y a l’unité négative, solitaire et stérile, qui se borne à exclure toute pluralité. C’est une simple négation qui suppose logiquement ce qu’elle nie et se manifeste comme un commencement, arbitrairement arrêté, d’un nombre indéterminé. Car rien n’empêche la raison d’admettre plusieurs unités simples et absolument égales entre elles et de les multiplier ensuite jusqu’à l’infini. Et si les Allemands appellent à bon droit un tel processus « mauvais infini » (die schlechte Unendlichkeit[1]), l’unité simple, qui en est le prin-

  1. En allemand Schlecht mauvais et schlicht — simple — sont au fond un seul et même terme, ce qui a fourni à Hegel l’occasion de son calembour qui a fait fortune, dans la philosophie germanique. Du reste Aristote avait déjà exposé la même idée — sans jeu de mots.