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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/292

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l’esprit (dans son sens intérieur, métaphysique et psychologique) en tant qu’on le distingue de l’âme, de l’intelligence, etc. Et d’un autre côté, la divinité ayant atteint son accomplissement intérieur dans sa troisième hypostase, c’est dans celle-ci en particulier que Dieu possède la liberté d’agir en dehors de lui-même et de mettre en mouvement un milieu extérieur. Mais c’est précisément la liberté parfaite d’action ou de mouvement qui caractérise l’esprit dans le sens extérieur ou physique de ce mot — πνεῦμα, spiritus, c’est-à-dire souffle, respiration. Puisqu’en aucun être créé on ne saurait trouver ni cette possession parfaite de soi-même, ni cette liberté absolue de l’action extérieure, on a le droit d’affirmer qu’aucun être de l’ordre naturel n’est esprit dans le sens complet du mot, et que le seul esprit proprement dit est celui de Dieu — l’Esprit Saint.

S’il est indispensable d’admettre trois modes hypostasiés dans le développement intérieur de la vie divine, il est impossible d’en admettre plus. En prenant comme point de départ la plénitude de l’existence appartenant nécessairement à Dieu, nous devons dire qu’il ne suffit pas à Dieu d’exister simplement en soi, mais qu’il lui faut manifester cette existence pour soi, et que cela ne suffit pas encore s’il ne jouit pas de cette existence manifestée, en affirmant son identité absolue, son unité inaltérable qui triomphe par l’acte même du dédou-