Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suffit pas encore à la perfection divine. Puisque le mauvais infini ou le chaos est un principe essentielle irrationnel, la manifestation logique et idéale de sa fausseté n’est pas le moyen propre pour le réduire intérieurement. La vérité est manifestée, la lumière s’est faite, mais les ténèbres restent ce qu’elles étaient : et lux in tenebris lucet, et tenebræ eam non comprehenderunt. La vérité est un dédoublement et une séparation, c’est une unité relative, car elle affirme l’existence de son contraire comme tel, en se distinguant de lui. Et il faut à Dieu l’unité absolue. Il Lui faut pouvoir embrasser dans son unité le principe opposé lui-même en se montrant supérieur à lui, non seulement par la vérité et par la justice, mais encore par la bonté. L’excellence absolue de Dieu doit se manifester non seulement contre le chaos, mais aussi pour lui, en lui donnant plus qu’il ne mérite, en le faisant participer à la plénitude de l’existence absolue, en lui prouvant par une expérience intérieure et vivante, et non seulement par la raison objective, la supériorité de la plénitude divine sur la pluralité vide du mauvais infini. À chaque manifestation du chaos en révolte la Divinité doit pouvoir opposer non seulement un acte de la force qui supprime l’acte contraire, non seulement une raison ou une idée qui l’accuse de fausseté et l’exclut de l’être véritable, mais encore une grâce qui le pénètre, le transforme et le ramène librement à l’unité. Cette