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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/307

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séparée de toutes les autres ; c’est la subsistance de chacun en dehors du tout et du tout en dehors de chacun — c’est la totalité à l’envers. Ainsi notre monde, en tant qu’il est composé de parties étendues, représente l’objectivité divine renversée. De même, si l’autonomie subjective de l’existence divine trouve son expression dans l’actualité égale et le lien intime et indissoluble des trois termes de cette existence qui se complètent sans se succéder, la forme hétéronome du temps nous offre au contraire la succession indéterminée de moments qui se disputent l’existence. Chacun de ces moments pour jouir de l’actualité doit exclure tous les autres, et tous ces moments au lieu de se compléter se suppriment et se supplantent mutuellement, sans arriver jamais à la totalité de l’existence. Enfin, comme la liberté créatrice de Dieu est l’expression définitive de son autonomie, l’hétéronomie du monde extra-divin se manifeste complètement dans la causalité mécanique, en vertu de laquelle l’action extérieure d’un être donné n’est jamais l’effet immédiat de son acte intérieur, mais doit être déterminée par un enchaînement de causes ou de conditions matérielles indépendantes de l’agent lui-même.

Le principe abstrait de l’étendue c’est que deux objets, deux parties du tout, ne peuvent pas occuper à la fois une seule et même place et que, de même, un seul objet, une seule partie du tout ne peut pas