Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un membre organique et inséparable de la Divinité : l’amour envers Dieu et la participation volontaire à l’action divine sont dorénavant sa nature. De son côté, l’esprit qui s’est déterminé dans le sens contraire ne pourra non plus changer de résolution. Car il l’a fait en sachant parfaitement ce qu’il faisait et il ne peut avoir que ce qu’il voulait. Il voulait se séparer de Dieu parce qu’il a conçu une aversion pour Dieu. Cette aversion ne pouvant avoir aucune espèce de motif — car il ne peut se trouver en Dieu l’ombre d’un mal quelconque pour justifier ou expliquer un sentiment hostile contre lui — cette hostilité est un acte simple et pur de la volonté spirituelle, ayant toute sa raison en lui-même et inaccessible à aucune modification : elle devient la nature même ou l’essence de l’ange déchu. Indépendante de toute cause et de toute circonstance extérieure et temporelle dans son acte moral, absolument maîtresse de soi, la volonté anti-divine est nécessairement éternelle et irrévocable. C’est un abîme infini, où l’esprit rebelle est immédiatement précipité et d’où il peut rayonner dans son sens à travers le chaos matériel, la création physique et jusqu’aux limites du monde divin. Il savait bien aussi, en se déterminant contre Dieu, que le champ d’action ne lui manquerait pas ; car la volonté divine avait déjà évoqué du néant l’âme du monde, en éveillant en elle le désir chaotique — base et matière de toute la création. Cette âme