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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/400

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extérieurs, par la situation sociale de l’homme. Mais dans le monde chrétien ces rapports extérieurs doivent-ils rester en contradiction avec le don de Dieu ? Le chrétien baptisé garde sa liberté même s’il est esclave, mais doit-il l’être dans une société chrétienne ? Abolissez donc, rois et peuples chrétiens, les dernières traces de l’ignominie païenne, supprimez l’esclavage et la servitude sous toutes ses formes, directes et indirectes, car elles sont toutes la négation du baptême — négation qui, tout impuissante qu’elle est pour détruire la grâce intérieure, empêche cependant sa réalisation extérieure. Mais notre Dieu n’est pas un Dieu caché, et s’il s’est manifesté et incarné, ce n’est pas sans doute pour maintenir la contradiction entre l’invisible et le visible. Ne souffrez donc pas que l’homme émancipé par le Dieu vivant soit forcé de redevenir un serviteur des choses mortes, un esclave des machines.

« Vous avez la confirmation — sacrement ou mystère de l’égalité. L’Église du Christ communique à chaque chrétien sans distinction la dignité messianique (perdue par le premier Adam et restaurée par le second) — en donnant à chacun l’onction sacrée des souverains. Nous savons que l’état social parfait préfiguré par ce sacrement (l’état de malkhouth cohanim — regnum sacerdotale) ne saurait être réalisé immédiatement ; mais vous, puissants de la terre, n’oubliez pas de votre côté que c’est là