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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/65

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séculier abandonné à ses propres forces, ne peuvent réussir à établir sur la terre la justice et la paix chrétiennes. L’alliance intime, l’union organique des deux pouvoirs sans confusion et sans division, voilà la condition indispensable du véritable progrès social. Il s’agit de savoir s’il y a dans le monde chrétien une puissance capable de reprendre avec un meilleur espoir l’œuvre de Constantin et de Charlemagne.

Le caractère profondément religieux et monarchique du peuple russe, quelques faits prophétiques dans son passé, la masse énorme et compacte de son Empire, la grande force latente de l’esprit national en contraste avec la pauvreté et le vide de son existence actuelle — tout cela paraît indiquer que la destinée historique de la Russie est de fournir à l’Église Universelle le pouvoir politique qui lui est nécessaire pour sauver et régénérer l’Europe et le monde.

Les grandes œuvres ne peuvent pas être accomplies par de petits moyens. Il ne s’agit pas d’un compromis confessionnel entre deux hiérarchies, ni d’un traité diplomatique entre deux gouvernements : c’est un lien moral et intellectuel qu’il faut avant tout établir entre la conscience religieuse de la Russie et la vérité de l’Église Universelle. Et pour rendre acceptable à notre esprit la vérité d’un principe dont l’apparition historique nous est étrangère