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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/81

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tout ce qui nous fait défaut. On ne nous demande pas de changer notre nature orientale ou de renier le caractère spécifique de notre esprit religieux. Il faut seulement reconnaître sans réserve cette vérité toute simple : à savoir, que nous, l’Orient, ne sommes qu’une partie de l’Église Universelle, et une partie qui n’a pas son centre en elle-même, et qu’il nous faut par conséquent rattacher nos forces particulières et périphériques au grand centre universel que la Providence a placé en Occident. Il ne s’agit pas de supprimer notre individualité religieuse et morale, mais de la compléter et de la faire vivre d’une vie universelle et progressive. Tout notre devoir à nous, c’est seulement de nous reconnaître pour ce que nous sommes en réalité, — une partie organique du grand corps chrétien, — et d’affirmer notre solidarité spirituelle avec nos frères de l’Occident. Cet acte moral, cet acte de justice et de charité, serait par lui-même un progrès immense pour nous et la condition indispensable de tout progrès ultérieur.

Saint Cassien n’a pas besoin de devenir un autre homme, et de négliger la pureté de ses habits immaculés. Il lui faut seulement reconnaître que son confrère a certaines qualités importantes qui lui manquent à lui-même, et au lieu de bouder ce travailleur énergique, il doit l’accepter franchement pour compagnon et pour guide dans le voyage terrestre qui leur reste à faire.