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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/96

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cette orthodoxie anticatholique. Si l’organisation normale de l’Église Universelle et la vraie forme de son gouvernement tiennent aux conciles œcuméniques, il est évident que l’Orient orthodoxe, fatalement privé de cet organe indispensable de la vie ecclésiastique, n’a plus la vraie constitution ni le gouvernement régulier de l’Église. Durant les trois premiers siècles du christianisme, l’Église, cimentée par le sang des martyrs, ne convoquait pas de conciles universels, parce qu’elle n’en avait pas besoin ; l’Église orientale actuelle, paralysée et démembrée, ne peut pas le faire tout en en éprouvant le besoin. Cela nous met dans l’alternative suivante : ou bien avouer, avec les sectaires avancés, que l’Église a perdu depuis un certain temps son caractère divin et n’existe plus réellement sur la terre, ou bien, pour éviter une conclusion si dangereuse, reconnaître que l’Église Universelle, n’ayant pas d’organes gouvernementaux et représentatifs en Orient, les possède dans sa partie occidentale. Cela reviendrait à reconnaître une vérité historique avouée de nos jours par les protestants eux-mêmes, à savoir : que la papauté actuelle n’est pas une usurpation arbitraire, mais un développement légitime des principes qui étaient en activité manifeste avant la division de l’Église, et contre lesquels cette Église n’a jamais protesté. Mais, si l’on reconnaît la papauté comme une institution légitime, que fera-t-on de « l’idée russe »