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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/122

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le soir ; on a bien quelques révoltes d’estomac quand il faut travailler à jeun dans l’amphithéâtre tout le jour ; mais bah ! la jeunesse aidant, on s’en tire. Et quand la nature crie trop fort, on s’absorbe dans l’étude avec encore plus d’ardeur. Je vous assure que le cerveau arrive à supprimer l’estomac ; il supprime tant d’autres choses chez nous ! Nous penserons un jour avec plaisir à ces misères, quand nous aurons conquis la clef d’or de la science, qui donne la possession du monde.

Notre condition s’est un peu améliorée depuis que nous nous sommes réunies par groupes de cinq ou six, pour diminuer nos dépenses de logement et de nourriture. Des souscriptions publiques, des concerts donnés au profit des étudiantes, ont fourni quelques ressources. Pourtant, la vie de plusieurs d’entre nous est encore un miracle. De temps en