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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/152

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Personne sur les portes, pas même un chien qui aboyât aux roues de ma voiture. Je trouvai mon hôte soucieux et mécontent ; il rappela à grand’peine sa bonne humeur pour me faire accueil. Je lui demandai ce qui le chagrinait.

— Eh quoi ! me dit-il, n’avez-vous pas vu le village ? Vide comme la bourse du seigneur, mort comme Pompéi ou Herculanum !

— Et vos paysans, où sont-ils donc ?

— Envolés ! mon ami, c’est le mot propre. Vous êtes chasseur, vous connaissez les mœurs des oiseaux ; vous savez qu’à certains jours, sans cause apparente, on les voit s’assembler, l’aile inquiète, et partir Dieu sait pour où. C’est l’instinct migrateur qui les travaille, nulle puissance ne les retiendrait alors dans le canton. Ainsi de nos paysans. Petits-fils de nomades, ils ont par