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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/196

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de perse fanée. Le premier objet qui frappa mes regards fut la polonaise, étalée sur le divan. De légères bouffées de brise, soufflant de la fenêtre ouverte, faisaient courir des frissons sur la mignonne fourrure. Dans l’éclatante lumière, les zibelines tremblaient avec des reflets châtain doré, comme ceux qui se jouent sur quelques têtes du Titien ; sur le velours bleu, le caprice des rayons promenait des moires changeantes, tantôt ravivées d’azur, tantôt mourant dans l’ombre ; les deux tons se mariaient avec une harmonie à défier la palette du plus riche coloriste. Machinalement, je promenai la main sur ce duvet soyeux, tout brûlant aux feux de midi ; de petites étincelles frémirent le long de mes doigts, comme lorsqu’on caresse le dos d’un jeune chat, endormi dans les cendres du foyer. De l’étoffe chiffonnée montait un parfum discret et capiteux ;